Les Habits neufs du Grand-duc, Andersen

Il y avait autrefois un grand-duc qui aimait tant les habits , qu'il dépensait tout son argent à sa toilette. Lorsqu'il passait ses soldats en revue, lorsqu'il allait au spectacle ou à la promenade, il n'avait d'autre but que de montrer ses habits neufs. À chaque heure de la journée, il changeait de vêtements, et comme on dit d'un roi: «Il est au conseil», on disait de lui: «Le grand-duc est à sa garde robe».

La capitale était une ville bien , grâce à la quantité d'étrangers qui passaient; mais un jour il y vint deux fripons qui se donnèrent pour tisserands et déclarèrent savoir tisser la plus étoffe du monde. Non seulement les couleurs et le dessin étaient extraordinairement , mais les vêtements confectionnés avec cette étoffe possédaient une qualité merveilleuse : ils devenaient pour toute personne qui ne savait pas bien exercer son emploi ou qui avait l'esprit trop .

« Ce sont des habits impayables », pensa le grand-duc; «grâce à eux, je pourrai connaître les hommes de mon gouvernement : je saurai distinguer les habiles des niais. Oui, cette étoffe m'est .»